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jeudi 1 décembre 2011

Exhibition -l'invention du sauvage

Extrait de mon exposé de la conférence : « Comment gérer la diversité culturelle et de confession au sein de l’école »


Depuis quelques jours et jusqu’en juin 2012 se tient au musée du quai Branly une exposition initiée par Lilian Thuram et sa fondation contre le racisme qui s’intitule :
L'exposition est visible au musée du quai Branly
à Paris jusqu'en juin 2012


« Exhibition - l’invention du sauvage. » 


En m’intéressant d’un peu plus près à ce phénomène oublié,  j’ai découvert que « l’exhibition du sauvage » ou « spectacle ethnique » et un processus qui a commencé au 16e siècle  jusqu’au milieu du 20e siècle et qui est en fait l’exploitation du chiffre effarant de  35 milles hommes, femmes, enfants qu’on faisait venir d’Afrique, D’Asie, d’Océanie ou des Amériques pour les exhiber dans les théâtres, les revues de cabaret,  les foires, les zoos, les cirques etc. De 1800 à 1958 on parle de plus d’un milliard ( !!!) de visiteurs se bousculant pour contempler ces gens venus d’ailleurs au physique atypique.

 Dans les documents de présentation de cette  expo on peut lire : « Le spectacle exotique devient un spectacle de masse. Le visiteur découvre ces « acteurs de la sauvagerie » qui se produisent sur scène, devenant de véritables professionnels, tels les aborigènes, les femmes à plateaux, les amazones, l’archétype de l’Amérindien exhibé, qui marquera à jamais l’imaginaire  du Far West. Ces premiers spectacles façonnent et structurent le regard occidental sur l’altérité, et plus spécifiquement l’altérité en provenance des territoires que les différents états européens espèrent conquérir ou sont en train de coloniser. Cette époque de début de conquête impériale est aussi celle des théories portant sur la classification, la hiérarchisation de l’humanité et sur la notion de « race »  pensée savante qui a marqué les sciences humaines tout au long du 19e siècle. Ces spectacles ont formé le regard de l’Occident et profondément influencé la manière dont est appréhendée  l’Autre depuis près de cinq siècles. Si ces exhibitions disparaissent progressivement dans les années 30, elles auront alors accompli leur œuvre : créer une frontière entre les exhibés et les visiteurs. Une frontière dont on peut se demander si elle existe toujours ? »

Pour ma part,  cela m’éclaire sur un pan de notre histoire jamais évoqué, comme si on en avait tellement honte qu’on tentait de l’oublier en le refoulant dans notre subcontinent collectif ; mais comme le dit la gynécologue Danièle Flaumenbaum dans son livre « Femme désirée, femme désirante » ( Editions Payot 2006) pour des problèmes liés à l’intimité féminine mais tout à fait valable en sociologie: « les secrets et les non-dits enkystent la pensée et l’empêche d’avoir une vision clair de la vie. Il existe alors en nous une crypte dans laquelle ces traumatismes sont toujours actifs et ont besoin de s’exprimer d’une façon ou d’une autre ».

Et comment s’expriment-ils aujourd’hui ? C’est la question du jour. Le rejet, le racisme, la xénophobie, l’islamophobie etc. tous ces préjugés introduits depuis des siècles dans notre civilisation occidentale agissent comme une pathologie fantôme (la maladie n’existe plus mais son fantôme continu à hanter notre société.)

Pour paraphraser encore le docteur Flaumenbaum qui parle (toujours de cas gynécologiques) de symptômes engendrés par les pathologies de lignée où comment un mal passe de génération en génération sans qu’on ne sache trop pourquoi. Pour elle, il est impératif de comprendre ce qui ne va pas de génération en génération pour remédier à l’anomalie.

Et c’est là que je me questionne sur l’éducation à la mémoire que l’on donne aux jeunes dans les écoles. L’histoire que l’on enseigne est celle des évènements qui ont marqué l’Histoire  mais jamais ou rarement celle  des individus dans leur l’Histoire.  L’éducation à l’altérité c’est aussi permettre à chacun de mieux connaitre le parcours de ses parents,  grand- parents,  mais aussi le parcours des parents et des grands-parents de l’Autre.

 Aujourd’hui, la plupart des sociétés à travers le monde sont constituées d’individus issus de cultures différentes. Il est tout à fait exceptionnel de trouver des sociétés véritablement monoculturelles où la population partagerait tout à la fois la même culture, la même langue, les mêmes valeurs, les mêmes habitudes, les mêmes références.
 La diversité culturelle est donc fondamentale dans les sociétés d’aujourd’hui. C’est pourquoi, on parle actuellement de sociétés multiculturelles. Vivre ensemble, cela veut dire que nos cultures communiquent entre elles et s’enrichissent mutuellement. Cela ne se fait toutefois pas de manière abstraite. Ce sont les individus qui portent les différences culturelles. C’est pourquoi une société basée sur des ghettos culturels ne permettant pas aux personnes de vivre ensemble et de communiquer entre elles sur un pied d’égalité ne serait pas véritablement une société multiculturelle démocratique. Un pays d’apartheid, comme l’était l’Afrique du Sud, ou un pays qui pratique l’esclavage, peut en effet être multiculturel mais ne saurait être démocratique.





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