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dimanche 9 octobre 2011

Sappho, son héritage aux écrivaines contemporaines

Sappho, son héritage aux écrivaines contemporaines

(Extrait de mon nouvel ouvrage )

Sappho


Sappho est probablement l'écrivaine lesbienne la plus connue de l'histoire de la littérature. Poétesse grecque qui vécue au VIIè siècle à Mytiline, sur l'île de Lesbos, son nom est d'avantage lié au choix de sa sexualité qu'à son œuvre poétique.  Interressant ce poème qui, avec une économie de mots, défini l'être, homme ou femme, que l'amour rend unique :

Pareille à la pomme douce qui rougit au bout de la branche, au plus fin sommet de l'arbre, l'ont-ils oubliée les cueilleurs de pommes ? Non, ils ne l'ont pas oubliée, mais ils n'ont pas pu l'atteindre.

En lisant les différents articles publiés par les historiens spécialistes de la Grèce Antique, il s'avère que Sappho ait été mariée et aurait eu une fille, Cléis. Elle l'évoque dans se fragment :

Je possède une jolie petite fille, pareille
à un bouquet de fleurs d'or, ma Cléis chérie,
que je ne donnerais ni contre toute la Lidye
ni contre l'aimable...
(la vertu ?)

Le terme de lesbienne tient son origine du lieu de naissance de Sappho : Lesbos 1, fréquemment visité par les touristes lesbiennes. Les poèmes de Sappho, passionnés et durs, sont inspirés par les femmes. Rien de fleur bleue et de romantique mais toujours violent et puissant :

L'homme fortuné qu'enivre ta présence
Me semble l'égal des dieux, car il entend
Ruisseler ton rire et rêver ton silence,
Et moi, sanglotant,

Je frissonne toute et ma langue est brisée :
Subtile, une flamme a traversé ma chair
Et ma sueur coule ainsi que la rosée
Âpre de la mer ;

Un bourdonnement remplit de bruits d'orage
Mes oreilles, car je sombre sous l'effort,
Plus pâle que l'herbe, et je vois ton visage
A travers la mort...


Elle ne parle pas de l'amour comme le font généralement les poètes. Elle emploie des termes brutaux pour évoquer la ou les passion(s) qu'elle ne parvient pas à maitriser. Le « saphisme », dans l'esprit collectif, défini le libertinage lesbien. A en croire Claude Mossé, historienne française, spécialiste de l'histoire de la Grèce antique, les mœurs étaient très libres dans ce type de société. Sappho n'était donc pas plus libertine que les Grecques de l'époque mais ses textes ou plutôt une infime partie de ceux-ci ( Les scribes chrétiens médiévaux n'ont pas jugé utile d'en faire la préservation ) font d'elle l'initiatrice des « amitiés honteuses ». Sappho aurait fondé puis dirigé à Mytilène une école pour jeunes filles où elle a enseigné la poésie la musique, la danse et les mystères d'Aphrodite ( Aphrodite est la déesse grècque de la germination, de l'amour, des plaisirs et de la beauté. Je retiens ce paradoxe qu'on accorde à la déesse, deux notions différentes : celle du plaisir de la chair, plus « terrienne » en quelque sorte, et celle de l'amour spirituel, pure et chaste qu'inspire sa beauté. La beauté et le plaisir de la chair seraient, selon les grecs anciens, et donc bien avant l'apparition des religions monothéistes, deux conceptions opposées. La bestialité de l'acte sexuel, impure et la perfection de la beauté, pure ! ).

Pour en revenir à Sappho, c'est donc parmi les élèves de son école qu'elle trouvait ses amantes. L'objectif de cette école est de permettre aux jeunes élèves de réaliser un idéal de beauté féminine que les Muses et la déesse qu'elles honorent ont les premières incarné. Les jeunes filles ne deviendront pas des prêtresses d'Aphrodite, elles se marieront tout comme leur maîtresse Sappho !




1 -Cette île et en particulier la ville de Eresos, rappelle Eros, Dieu grec de l'amour, dont le nom offrit la sémantique à des mots comme « érotique », « érogène » et tous ses dérivés. Éros est honoré en Grèce antique spécialement comme le Dieu de la pédérastie.

André Bonnard est le traducteur de la poésie de Sappho







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